Page:Chesterton - La Clairvoyance du père Brown.djvu/281

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Flambeau, surpris devant l’explosion d’un tel fanatisme, ne put s’empêcher de demander à Mlle Pauline, avec son esprit logique de Français, pourquoi une paire de lunettes trahissait plus de faiblesse morbide qu’un ascenseur, et pourquoi, si la science peut nous aider dans un cas, elle ne peut nous aider dans l’autre.

— C’est si différent ! répondit Pauline Stacey avec assurance. Les accumulateurs, les moteurs et toutes les choses du même genre sont des symptômes de la force de l’homme — oui, monsieur Flambeau, et aussi de la force de la femme. Nous aurons notre tour dans l’élaboration de ces vastes machines qui dévorent l’espace et défient le temps. C’est une œuvre noble et splendide — c’est vraiment de la science. Mais ces odieux supports, ces bandages que vendent les médecins, ne sont que des insignes de pleutrerie. Les médecins nous mettent des bras et des jambes artificiels, tout comme si nous étions nés esclaves, perclus et malades. Mais je suis née libre, monsieur Flambeau ! Les gens s’imaginent qu’ils ne peuvent se passer de ces choses parce qu’ils ont été élevés dans la peur, au lieu de l’avoir été dans la force et le courage ; c’est ainsi que les bonnes stupides enseignent aux enfants à ne pas regarder le soleil, et ils ne peuvent le faire sans cligner des yeux. Mais pourquoi, parmi les étoiles, en existerait-il une que je ne puisse voir ? Le soleil n’est pas mon maître, et j’ouvrirai mes yeux et je le regarderai, chaque fois qu’il me plaira.