Page:Chesterton - La Clairvoyance du père Brown.djvu/276

Cette page a été validée par deux contributeurs.

L’édifice avait un caractère américain. C’était un skyscraper de respectable altitude, muni de tout un attirail bien astiqué de téléphones et d’ascenseurs. Il était à peine terminé et son personnel n’était pas au complet. Trois locataires seulement étaient entrés. L’appartement immédiatement au-dessus de celui de Flambeau, ainsi que l’appartement immédiatement en dessous, étaient occupés, mais les deux étages supérieurs et les trois étages inférieurs étaient encore vides. Dès le premier coup d’œil, l’attention était attirée par un objet extraordinaire, placé au sommet de cette tour d’appartements. Cet objet brillait, parmi les dernières planches de l’échafaudage, immédiatement au-dessus des bureaux de Flambeau. C’était l’image énorme et dorée d’un œil humain, entourée de rayons d’or, et occupant, à elle seule, autant d’espace que deux ou trois fenêtres de l’édifice.

— Qu’est-ce que cela peut bien être ? dit le Père Brown en s’arrêtant.

— Oh ! une nouvelle religion, dit Flambeau en souriant, une de ces nouvelles religions qui vous absolvent de vos péchés en déclarant que vous n’en avez jamais commis. Quelque chose dans le genre de la « Science chrétienne », je pense. Le fait est qu’un bonhomme qui se fait appeler Kalon (je ne sais quel est son nom, sauf que ce ne peut être celui-là) a loué l’appartement au-dessus du mien. J’ai deux dames dactylographes en dessous de moi, et ce fougueux charlatan au-dessus. Il s’est improvisé « nouveau prêtre d’Apollon » et il adore le soleil.