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attention se porta de nouveau vers le forgeron. Brown leva les yeux, puis les baissa de nouveau, en entendant celui-ci dire à haute voix :

— J’espère que je vous ai convaincu, monsieur l’inspecteur. Je suis fort, comme vous le dites, mais je n’aurais pu pourtant lancer mon marteau de Greenford jusqu’ici. Mon marteau n’a pas d’ailes pour voler, durant un kilomètre, par-dessus les champs et les haies.

Le policier sourit amicalement et répondit :

— Non, je crois que vous pouvez vous considérer comme tiré d’affaire, quoique ce soit bien la plus curieuse coïncidence qui soit. Tout ce que je vous demanderai, c’est de nous aider à découvrir un homme aussi fort que vous. Parbleu ! vous pourrez nous aider, ne fût-ce qu’à le maîtriser ! Je suppose que vous n’avez aucune idée.

— Je puis avoir une idée, dit le pâle forgeron, mais il ne s’agit pas d’un homme.

Puis, voyant que les regards se portaient sur sa femme assise sur le banc, il mit sa grande main sur son épaule et ajouta :

— Ni d’une femme.

— Que voulez-dire ? dit l’inspecteur plaisamment. Vous ne pensez pourtant pas qu’une vache puisse brandir un marteau ?

— Je pense qu’aucune main mortelle n’a touché ce marteau, dit le forgeron d’une voix étouffée ; pour parler comme vous, je crois que cet homme était seul, lorsqu’il est mort.

Wilfred fit un brusque mouvement en avant et fixa sur le forgeron ses yeux brûlants.