l’a fait. Les regards de ses deux compagnons se fixèrent sur lui, et il poursuivit, avec une agitation fébrile et quasi féminine :
— Je suis un prêtre, cria-t-il d’une voix tremblante, et ce n’est pas à un prêtre de répandre du sang. Je… je veux dire qu’il ne doit faire condamner personne. Et je rends grâce au ciel d’avoir découvert le criminel, car c’est un criminel que l’on ne peut condamner.
— Vous ne le dénoncerez pas ? demanda le médecin.
— Il ne serait pas pendu, même si je le dénonçais, répondit Wilfred avec un sourire égaré, mais heureux. Quand je suis entré dans l’église, ce matin, j’y ai trouvé un fou en prière — ce pauvre Joë qui n’a jamais eu sa tête à lui. Dieu sait pourquoi il priait ; mais il n’est pas invraisemblable de supposer que les prières de ces esprits malades vont à rebours des autres. Il est probable qu’un lunatique prie avant de tuer un homme. Quand j’ai vu pour la dernière fois ce pauvre Joë il se trouvait avec mon frère. Mon frère le raillait.
— Pardieu ! cria le docteur, voilà qui est parler. Mais comment expliquez-vous…
Le révérend Wilfred tremblait d’émotion, en présence de sa découverte.
— Ne voyez-vous pas, ne voyez-vous pas, cria-t-il fiévreusement, que c’est la seule théorie qui tienne compte des deux mystères, qui résolve les deux problèmes. Les deux problèmes sont le petit marteau et le coup formidable. Le forgeron aurait pu assener le coup, mais n’aurait