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mense et verte de la colline. Elles étaient évidemment absorbées dans leur conversation et ne semblaient pas remarquer où elles allaient. Elles allaient vers les hauteurs les plus solitaires et les plus silencieuses de la lande. Au fur et à mesure que les policiers gagnaient du terrain sur elles, ils devaient recourir aux attitudes triviales du chasseur de chevreuil, s’accroupir derrière des bouquets d’arbres, et même courir à quatre pattes dans l’herbe haute. Grâce à ces peu gracieux subterfuges, nos chasseurs purent même s’approcher assez près de leur gibier pour entendre le murmure de leur discussion, mais aucun mot ne pouvait leur parvenir, sauf le mot « raison » prononcé fréquemment d’une voix haute et presque enfantine. À un moment, derrière une pente abrupte et un groupe de buissons épais, les policiers perdirent de vue les deux hommes qu’ils poursuivaient. Ils ne retrouvèrent leur piste qu’après dix minutes de recherches angoissantes ; elle les conduisit au sommet arrondi d’une haute colline, dominant un amphithéâtre de paysage désolé, éclairé par les dernières lueurs du soleil. Sous un arbre, en cet endroit imposant et désert, se trouvait un vieux banc de bois délabré, et, sur ce siège, étaient assis les deux prêtres, toujours absorbés dans leur conversation. Le vert et l’or merveilleux avivaient encore l’horizon plus sombre ; mais le dôme, au-dessus de leur tête, de vert-paon devenait lentement bleu-paon, et les étoiles s’en détachaient toujours davantage comme de solides joyaux. Faisant signe de la main à ses aides,