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— Tout est prêt pour vous recevoir.

Et le prince Saradine, agitant toujours ses gants, entra dans la chambre pour souhaiter la bienvenue à ses hôtes. La même vision se reproduisit : cinq princes entrèrent dans la chambre par cinq portes.

Saradine déposa son chapeau blanc et ses gants jaunes sur la table et tendit cordialement la main aux deux amis.

— Enchanté de vous voir ici, monsieur Flambeau, dit-il. Je vous connaissais très bien de réputation, si vous me permettez cette remarque indiscrète.

— Comment donc, répondit Flambeau en riant. Je ne suis pas susceptible. Bien peu de vertus résistent à la gloire.

Le prince lui lança un regard pénétrant, pour voir si cette réplique masquait quelque allusion personnelle. Puis il offrit, en souriant, des chaises à la ronde.

— C’est une agréable petite résidence, dit-il d’un air détaché. Il n’y a pas, je pense, grand’chose à faire en fait de distraction, mais la pêche est excellente.

Le prêtre qui le fixait avec le regard grave d’un petit enfant, était hanté par une de ces impressions qui échappent à toute définition. Il examinait ses cheveux gris soigneusement bouclés, son teint jaune, sa taille élancée et sa tenue recherchée. Sans être artificiels, ses traits étaient peut-être un peu trop prononcés, comme le déguisement d’un acteur. L’indicible intérêt de cette figure gisait ailleurs, dans la structure