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La porte s’était ouverte silencieusement, et le pâle Paul se dressait, comme un spectre, sur le seuil. Grâce à la disposition des murs et des glaces, il leur sembla que cinq Pauls étaient entrés par cinq portes différentes.

— Son Altesse, annonça-t-il, vient d’arriver.

Un homme venait de passer devant la première fenêtre, apparaissant sur la vitre baignée de soleil comme un acteur sur la scène éclairée par la rampe. L’instant d’après il se trouvait devant la dernière fenêtre, et les nombreuses glaces de la chambre réfléchirent son profil d’aigle et sa démarche alerte. Il se tenait encore droit, mais ses cheveux étaient blancs et son teint d’un jaune d’ivoire. Il avait le nez romain, court et recourbé qu’accompagnent en général des joues maigres et un menton accusé ; le bas de son visage était en partie masqué par ses moustaches et son impériale. Ses moustaches étaient beaucoup plus noires que sa barbe, ce qui lui donnait l’air quelque peu théâtral. Il était vêtu avec une grande élégance, portant un haut de forme blanc, une orchidée à la boutonnière, un gilet jaune, et des gants jaunes qu’il agitait en marchant. Lorsqu’il arriva à la porte d’entrée, les deux amis entendirent Paul l’ouvrir, tandis que le nouvel arrivant s’exclamait gaiement :

— Tu vois, je suis venu.

Paul s’inclina avec raideur et répondit d’une manière inintelligible. Pendant quelques minutes, leur conversation se fit indistincte.

Puis le domestique annonça :