Page:Chesterton - La Clairvoyance du père Brown.djvu/222

Cette page a été validée par deux contributeurs.

pour son maître, qui, disait-il, avait souffert de beaucoup d’injustices. Il en voulait surtout, semblait-il, au frère de Son Altesse, au seul nom duquel il avançait la mâchoire et contractait son nez de perroquet, dans un ricanement dédaigneux. Le capitaine Étienne était, paraît-il, un bon à rien et avait soustrait à son frère des sommes considérables. Celui-ci, incapable de rien lui refuser, avait été contraint de quitter la bonne société dans laquelle il vivait et de se retirer ici. C’est tout ce que le prêtre put obtenir de Paul ; et Paul n’était évidemment pas impartial.

La gouvernante italienne était moins taciturne, en raison des griefs que, selon Brown, elle devait nourrir. La crainte que son maître semblait lui inspirer n’était pas dépourvue d’une certaine âcreté. Flambeau et son ami se trouvaient dans la chambre aux glaces, examinant l’esquisse représentant les deux garçons, lorsqu’elle entra vivement pour y chercher quelque chose. Chaque fois que quelqu’un entrait dans cette chambre brillante, son image était immédiatement réfléchie dans quatre ou cinq glaces, ce qui permit au Père Brown, sans se retourner, de s’arrêter au milieu d’une remarque critique. Mais Flambeau, qui examinait le dessin de près, disait déjà à haute voix :

— Les frères Saradine, je suppose. Ils ont tous deux l’air assez innocent. Il serait difficile de dire quel est le bon et quel est le mauvais.

Puis, s’apercevant de la présence de la dame, il détourna la conversation et sortit dans le