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médecin, fut surpris de voir son ami reparaître si rapidement à son côté ; mais Brown, sans s’inquiéter de lui, prit le docteur à part.

— Vous avez envoyé chercher la police, n’est-ce pas ? demanda-t-il.

— Oui, répondit Harris, ils doivent être ici dans dix minutes.

— Voulez-vous me rendre un service ? dit avec calme le prêtre. Le fait est que je collectionne ces curieuses histoires qui contiennent souvent, comme dans le cas, par exemple, de notre ami hindou, des éléments que l’on ne peut décemment consigner dans un rapport de police. Je voudrais que vous m’écriviez un rapport sur cette affaire, pour mon usage personnel. Votre profession réclame une haute intelligence, dit-il en fixant le docteur de ses yeux graves. Il me semble, à certains moments, que vous connaissez certains détails que vous n’avez pas cru bon de révéler. Ma profession est confidentielle, tout comme la vôtre, et je considérerai tout ce que vous m’écrirez comme strictement entre nous. Mais n’omettez rien.

Le médecin qui l’avait écouté rêveusement, la tête légèrement inclinée, regarda le prêtre bien en face, pendant un instant.

— Soit, dit-il, et, rentrant dans le bureau, il referma la porte derrière lui.

— Flambeau, dit le Père Brown, il y a un banc, là, sous la vérandah, où nous pourrions fumer à l’abri de la pluie. Tu es le seul ami que j’aie au monde, et j’ai besoin de causer avec toi, ou peut-être de me taire avec toi.