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Le Père Brown leva les yeux et examina, en fronçant les sourcils, la silhouette qui se découpait dans le cadre de la fenêtre éclairée.

— Oui, dit-il, c’est bien son ombre.

Il fit quelques pas et se laissa tomber sur un banc. Flambeau s’assit à ses côtés, mais le docteur appartenait à cette classe d’hommes énergiques qui passent leur vie debout. Il s’éloigna, en fumant, dans le crépuscule, et les deux amis restèrent seuls.

— Qu’avez-vous, mon Père ? demanda Flambeau.

Le Père Brown resta silencieux et immobile pendant un instant, puis il dit :

— On ne peut, sans être impie, être superstitieux. Mais il y a quelque chose dans l’air de cette maison… Je crois que c’est cet Hindou — jusqu’à un certain point.

Il se tut brusquement et observa la silhouette lointaine de l’Hindou qui était resté dans la même attitude rigide, comme en prière. Il semblait, à première vue, immobile, mais, en l’observant plus attentivement, le Père Brown s’aperçut qu’il se balançait très légèrement, suivant un mouvement rythmique, semblable à celui qui agitait les sommets sombres des arbres. Une brise légère glissait, en effet, le long des allées obscures du jardin, poussant devant elle quelques feuilles mortes.

Le paysage s’obscurcissait rapidement, comme à l’approche d’un orage, mais le prêtre et son compagnon pouvaient encore distinguer la silhouette d’Atkinson, le dos appuyé contre un