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de la serre et marchèrent en silence, de l’autre côté de la maison, pour regagner la porte d’entrée. Durant ce trajet, il leur sembla qu’ils éveillaient quelque chose, comme un oiseau surpris, dans le renfoncement, à l’angle que le bureau faisait avec le principal corps de bâtiment. Et, pour la deuxième fois, ils virent la forme blanche du fakir glisser dans l’ombre vers la porte d’entrée. À leur grande surprise, ils constatèrent qu’il n’était pas seul. Ils furent contraints de se ressaisir et de dissimuler leur surprise en apercevant Mme Quinton. Avec sa lourde chevelure dorée et son visage pâle, au menton carré, elle marchait vers eux, l’air grave, mais pleine de courtoisie.

— Bonsoir, docteur Harris.

Elle ne dit rien d’autre.

— Bonsoir, madame Quinton, répondit cordialement le petit docteur. Je vais précisément donner son calmant à votre mari.

— Oui, dit-elle d’une voix claire. Je crois qu’il est temps.

Elle leur sourit et disparut dans la maison.

— Cette femme est surmenée, dit le Père Brown. Des femmes comme cela font leur devoir, pendant vingt ans, et puis commettent quelque action terrible.

Le petit docteur le regarda, pour la première fois, avec intérêt.

— Avez-vous jamais étudié la médecine ? demanda-t-il.

— Vous ne pouvez soigner le corps sans vous soucier de l’esprit, répondit le prêtre ; nous ne