Page:Chesterton - La Clairvoyance du père Brown.djvu/191

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Flambeau, qui était porté à l’action.

En deux enjambées il rejoignit l’Hindou et, sa haute taille dominant même celle de l’Oriental, il lui dit avec une calme impudence :

— Bonsoir, monsieur. Vous cherchez quelque chose ?

Très lentement, comme un grand bateau tournant pour entrer dans le port, la face jaune tourna sur elle-même, et apparut enfin au-dessus de l’épaule blanche. Ils furent surpris de constater que les paupières jaunes étaient closes, comme dans le sommeil.

— Merci, dit la face en excellent anglais, je ne cherche rien.

Puis, ouvrant à demi les paupières, de manière à faire voir entre elles, une raie d’un éclat opalescent, elle dit encore :

— Je ne cherche rien.

Enfin, ouvrant les yeux tout grands, l’homme répéta, une troisième fois, avec un regard inquiétant : « Je ne cherche rien », et disparut dans l’obscurité qui envahissait rapidement le jardin.

— Le Chrétien est plus modeste, murmura le Père Brown ; il cherche quelque chose.

— Qu’est-ce qu’il pouvait bien faire là ? demanda Flambeau, en baissant la voix et en fronçant les sourcils.

— J’aurai à te parler tout à l’heure, lui répondit le prêtre.

Le soleil n’avait pas encore disparu, mais c’était le soleil rouge du soir ; et le feuillage des arbres et des buissons du jardin se faisait de plus en plus noir. Ils contournèrent l’extrémité