Page:Chesterton - La Clairvoyance du père Brown.djvu/187

Cette page a été validée par deux contributeurs.

suivit silencieusement des yeux les trois hommes qui s’éloignaient dans le jardin.

— Je viens de faire un joli mensonge, remarqua le médecin en riant. En fait, ce pauvre Quinton ne prend son soporifique que dans une demi-heure. Mais je ne vais pas le laisser ennuyer par ce petit vaurien, qui vient seulement pour lui emprunter de l’argent qu’il ne lui rendrait pas, même s’il le pouvait. C’est une petite arsouille, quoiqu’il soit le frère de Mme Quinton, l’une des femmes les plus admirables que je connaisse.

— Oui, dit le Père Brown, c’est une bonne femme.

— Je vous proposerai donc de nous promener dans le jardin jusqu’à ce que nous soyons débarrassés de cet individu, continua le docteur, puis j’irai auprès de Quinton pour lui donner son médicament. Atkinson ne pourra pas entrer : j’ai fermé la porte.

— Dans ce cas, docteur Harris, dit Flambeau, nous pouvons aussi bien faire le tour, en passant derrière la maison. Il n’y a pas de porte de ce côté, mais cela vaut la peine d’être vu, même de l’extérieur.

— Oui, et je pourrai jeter un coup d’œil en passant sur mon malade, dit en riant le docteur, car il aime à se tenir couché sur un divan, tout au fond de la serre, parmi ces poinsettias rouge sang. Cela me donnerait le frisson. Mais que faites-vous là ?

Le Père Brown s’était arrêté pour ramasser, dans l’herbe haute où il se trouvait presque