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mais d’un T avec une très longue barre transversale et une très courte queue longitudinale. La barre transversale était représentée par le corps de bâtiment qui courait parallèlement à la rue, avec la porte d’entrée au milieu. Il avait deux étages de haut et renfermait toutes les chambres importantes. La courte queue, qui était projetée vers le jardin, juste en face de la porte d’entrée, n’avait qu’un étage et ne renfermait que deux longues chambres communiquant, l’une avec l’autre. La première de ces chambres était le bureau où le célèbre M. Quinton écrivait ses fantastiques poèmes et romans orientaux. La deuxième était une vaste serre remplie de fleurs tropicales, d’une beauté rare et presque monstrueuse, et baignée, par un après-midi tel que celui-ci, par un soleil rutilant. Lorsque la porte d’entrée s’ouvrait, plus d’un passant était contraint de s’arrêter émerveillé, car il apercevait, au bout d’une perspective de riches appartements, quelque chose qui ressemblait, en tout point, à une scène de féerie : des nuages violets, des soleils d’or et des étoiles pourpres brillant d’un éclat violent, et restant pourtant transparents et lointains.

Le poète Léonard Quinton avait arrangé lui-même cet effet ; et il est douteux qu’il soit jamais parvenu à exprimer aussi complètement sa personnalité dans ses vers. Sa nature se baignait, en effet, dans la couleur, elle s’en abreuvait ; elle s’adonnait à cette passion aux dépens de la forme — et même des convenances. C’est cet instinct qui avait orienté son art vers l’art et