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lieu de la nuit, Lord Glengyle fut brusquement réveillé par l’idiot qui l’obligea à lui ouvrir la porte, car il vivait seul. Le gamin lui rapportait non pas la pièce de vingt shillings, mais exactement dix-neuf shillings, onze pence et trois farthings.

L’invraisemblable exactitude de cette action embrasa le cerveau du maniaque. Il jura que, comme Diogène, il avait longtemps cherché un honnête homme, et avait fini par en trouver un. Il fit un nouveau testament que j’ai vu. Il retint le scrupuleux jeune homme dans son château abandonné et en fit son seul serviteur et — d’une curieuse manière — son principal héritier. Cette étrange créature, si peu qu’elle pût comprendre, s’assimila parfaitement les deux idées fixes de son maître : d’abord que la plus scrupuleuse honnêteté importait avant tout, ensuite qu’il devait hériter de l’or des Glengyle. Jusque-là, tout s’explique. Il a dépouillé la maison de tout l’or qui s’y trouvait et ne s’est pas approprié un atome qui ne fût en or, pas même un grain de tabac. Il détacha les feuilles d’or des vieilles enluminures, prenant grand soin de laisser le reste intact. J’avais compris tout cela, mais je ne pouvais comprendre la présence de ce crâne. Cette tête humaine enterrée parmi les pommes de terre m’inquiétait sérieusement. Elle m’avait rempli d’angoisse, lorsque Flambeau me donna le mot de l’énigme.

Tout va bien. Il replacera le crâne dans le cercueil lorsqu’il aura extrait l’or de ses dents.

Lorsque Flambeau gravit la colline, un peu