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que le corpulent policeman lui obéit d’un pied presque alerte. Une minute après, le détective français était rejoint, sur le trottoir opposé, par un inspecteur et un policier en civil.

— Eh bien, monsieur, dit le premier d’un air important, pourquoi…

Mais Valentin brandit sa canne.

— Je vous répondrai au haut de cet omnibus, et il se faufila parmi les voitures et les autos.

Lorsque tous trois se furent assis, hors d’haleine, sur l’impériale du véhicule, l’inspecteur remarqua :

— Nous pourrions aller quatre fois plus vite dans un taxi.

— C’est vrai, répondit leur guide avec calme, si nous savions où nous allons.

— Et où allons-nous ? demanda l’autre, surpris.

Valentin, les sourcils froncés, tira quelques bouffées de sa cigarette, puis il dit :

— Si vous savez ce qu’un homme va faire, marchez devant lui, mais si vous voulez deviner ce qu’il fait, restez derrière lui. Égarez-vous où il s’égare, arrêtez-vous où il s’arrête, allez aussi lentement que lui. Vous pourrez voir alors ce qu’il a vu et agir comme il a agi. Tout ce que nous avons à faire, c’est d’épier ce que nous pourrions rencontrer de bizarre.

— De quelle chose bizarre voulez-vous parler ? demanda l’inspecteur.

— N’importe quoi de bizarre, répondit Valentin, et il retomba dans un silence opiniâtre.

L’omnibus jaune se traîna lentement le long