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avions vu, dès le premier coup d’œil, que la raison du comte devait être troublée. Nous sommes venus ici pour découvrir s’il a réellement vécu dans cette maison, s’il y est bien mort, si cet épouvantail aux cheveux roux, qui collabora si activement à son enterrement, collabora également à sa mort. Vous pouvez vous livrer, à ce sujet, aux pires suppositions, vous pouvez proposer, à ce problème, les solutions les plus sinistres, les plus mélodramatiques. Imaginez, par exemple, que le domestique tua son maître, ou que le maître n’est pas vraiment mort, ou que le maître se déguise sous les traits de son domestique, ou encore que le domestique est enterré à la place de son maître. Vous pouvez inventer autant de tragédies à la Wilkie Collins que votre imagination pourra vous en inspirer, et vous n’aurez pas expliqué pourquoi les bougies n’ont pas de chandelier, ou pourquoi un gentleman de bonne famille se plaît à répandre du tabac sur son piano. Nous pouvons nous représenter le nœud même de l’histoire ; ce sont des incidents qui restent mystérieux. Il est impossible à l’esprit humain, si souple soit-il, de découvrir un lien quelconque entre du tabac à priser, des diamants, des bougies et des rouages de montre.

— Je crois avoir découvert ce lien, dit le prêtre. Ce Glengyle détestait la Révolution française. Il avait une manie pour l’ancien régime, et s’efforçait de revivre la vie de famille des derniers Bourbons. Il accumulait du tabac à priser, parce que c’était le grand luxe du dix-hui-