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— Cet homme devait avoir quelque chose de bizarre. Sans cela, il ne se serait pas enterré vivant ici — ou ne se serait pas empressé de s’y faire enterrer mort. Mais pourquoi croyez-vous qu’il ait été fou ?

— Lisez plutôt, dit Flambeau, la liste des objets que M. Craven a trouvés dans la maison.

— Nous devons avoir une bougie, dit Craven brusquement, un orage approche et il fait trop sombre pour lire.

— Avez-vous trouvé des bougies parmi vos curiosités ? demanda Brown en souriant.

Le visage de Flambeau prit une expression sérieuse et il leva ses yeux sombres sur son ami.

— C’est là ce qui est curieux, dit-il. Nous avons trouvé vingt-cinq bougies, mais pas un seul chandelier.

L’obscurité tombait rapidement et le vent s’élevait au dehors. Brown s’approcha de la table où, parmi d’autres débris, se trouvait un paquet de bougies. Il se baissa, en passant, au-dessus d’un tas de poussière brune, et un brusque éternuement rompit le silence.

— Tiens ! dit-il, du tabac à priser !

Il prit une des bougies, l’alluma soigneusement et la ficha dans le goulot de la bouteille de whisky. L’air du soir, pénétrant par les fissures de la fenêtre, fît vaciller la haute flamme comme un drapeau. Tout autour du château, on pouvait entendre mugir l’immense forêt de sapins, comme une mer noire autour d’un récif.

— Je vais vous lire l’inventaire, commença