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Glengyle (si c’était bien son corps) reposait déjà, depuis quelque temps, dans le petit cimetière, au sommet de la colline.

Tandis que le Père Brown traversait le jardin obscur et arrivait au pied du château, les nuages s’épaissirent et l’air devint humide et orageux. Se découpant sur la dernière bande laissée au ciel par un soleil d’or vert, il aperçut une silhouette noire ; l’homme était coiffé d’un chapeau en tuyau de poêle et portait sur l’épaule une lourde bêche. Cette apparition suggérait assez curieusement un fossoyeur. Mais, lorsque Brown se souvint du domestique sourd, elle lui parut toute naturelle. Il connaissait un peu la nature du paysan écossais ; il savait que sa « respectabilité » pouvait l’induire à revêtir ses vêtements noirs, pour assister à une enquête officielle ; il savait aussi qu’il était trop économe pour perdre, pour cela, une heure de travail. Le mouvement de surprise que fit l’homme, lorsque le prêtre passa près de lui, et le regard soupçonneux dont il le suivit, étaient également en accord avec le caractère défiant et jaloux de sa race.

Flambeau en personne ouvrit la grande porte. Il était accompagné par un homme mince, aux cheveux gris fer, qui tenait en main quelques papiers. C’était l’inspecteur Craven, de Scotland Yard. Le hall d’entrée était dépouillé de son mobilier ; seuls les visages pâles et sardoniques d’un ou deux cruels Ogilvies apparaissaient, coiffés de leurs perruques sombres, sur les toiles noircies.

En pénétrant dans la chambre principale, le