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saises que sur toutes les autres. Car l’Écosse a absorbé une double dose de ce poison qu’on appelle hérédité ; ses aristocrates ne vivent que pour l’orgueil de leur sang, et ses calvinistes pour les peines éternelles.

Le prêtre s’était échappé pour un jour de Glasgow, où le retenaient ses affaires, dans le but de rendre visite à son ami Flambeau, le détective amateur, qui, avec un de ses collègues officiels, poursuivait au château de Glengyle une enquête sur la vie et la mort du comte de Glengyle. Ce mystérieux personnage était le dernier représentant d’une race qui s’était distinguée par son courage, sa folie et sa ruse cruelle, même parmi la sinistre noblesse qui dominait le pays au seizième siècle. Personne n’avait pénétré plus avant dans ce labyrinthe d’ambitions, dans les chambres secrètes de ce palais de mensonges que l’on construisit autour de Marie Stuart.

Un dicton du pays expliquait naïvement la raison et le résultat de leurs machinations :

La sève n’est pas plus chère à l’arbre
Que l’or rouge aux Ogilvies.

Pendant des siècles, le château de Glengyle n’avait pas connu un seul lord présentable. On aurait pu croire que, durant l’ère victorienne, toutes les ressources de leurs excentricités eussent dû être épuisées. Le dernier des Glengyle suivit néanmoins la tradition familiale, en faisant la seule chose qui lui restait à faire : il dis-