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scure, avec ses poupées, et dans quelque coin celtique de son âme écossaise, il se sentit frémir d’horreur. L’une des poupées de taille humaine se tenait juste au-dessus de la tache sanglante, appelée sans doute par la victime un instant avant le meurtre. L’un des crochets aux hautes épaules qui servait de bras à l’automate était légèrement levé, et Angus eut brusquement la terrible idée que Smythe avait été frappé par l’un de ses enfants de fer. La matière s’était révoltée et ces machines avaient tué leur maître. Mais, même en supposant cela, qu’en avaient-elles fait ?

— L’auraient-elles dévoré ? murmura le cauchemar à son oreille, et son cœur se souleva un instant à la vision de débris humains absorbés par toute cette mécanique acéphale.

Recouvrant, par un suprême effort, son équilibre mental, il se tourna vers Flambeau :

— Il n’y a rien à dire. Le malheureux s’est évanoui comme un nuage et n’a laissé qu’une tache rouge sur le sol. Cette histoire n’appartient pas à ce monde.

— Qu’elle appartienne à ce monde ou à l’autre, dit Flambeau, il n’y a plus qu’une chose à faire. Je dois descendre et parler à mon ami.

Dans l’escalier, ils rencontrèrent le domestique qui les assura encore qu’il n’avait laissé passer personne, puis le concierge et le marchand de marrons qui confirmèrent, de point en point, leurs déclarations. Mais, lorsque Angus chercha son quatrième témoin, il ne le trouva pas et cria, avec quelque impatience :