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— Oh oui, dit celui-ci, je sais. Je sais que tu n’as pas seulement imaginé le projet de pantomime, mais que tu as fait d’une pierre deux coups. Tu te préparais à voler tranquillement les diamants. Un complice te fit dire qu’on te suspectait, et qu’un officier de police allait venir t’arrêter le soir même. Un vulgaire cambrioleur eût été trop heureux du renseignement et se serait sauvé ; mais tu es un poète. Tu avais déjà esquissé le plan de cacher les diamants dans le faux éclat de la bijouterie de théâtre. Tu te dis alors que, si ton costume était celui d’Arlequin, l’arrivée d’un policeman n’aurait rien d’incongru. Le digne officier, venant du poste de Putney pour t’arrêter, tomba donc dans le piège le plus curieux que l’on tendît jamais en ce monde. Lorsque la porte d’entrée s’ouvrit, il tomba sur une scène de pantomime de Noël, où l’Arlequin, tout en dansant, pouvait le frapper, l’assommer, l’étourdir et l’endormir, parmi les applaudissements et les rires des gens les plus respectables de Putney. Oh ! tu ne feras jamais rien de mieux. Et maintenant, à propos, tu pourrais bien me rendre ces diamants.

La branche verte, sur laquelle se balançait la figure éclatante, bruissa, comme surprise ; mais la voix continua :

— Je désire que tu me les rendes, Flambeau, et je désire que tu abandonnes cette vie. Il y a encore en toi de la jeunesse, de l’honneur et de la gaieté. Ne pense pas que tu les gardes longtemps, si tu continues ce métier. On peut conserver un certain niveau de vertu, mais on n’a