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vraie lune l’éclaire, à chaque instant, et illumine une nouvelle portion de son corps. Mais il saute, brillant et glorieux, d’un petit arbre, dans ce jardin, sur un grand arbre, dans le jardin voisin, et ne s’arrête là que parce qu’une ombre s’est glissée sous le petit arbre, et l’a incontestablement interpellé.

— Eh bien, Flambeau, dit la voix, tu as bien l’air d’une étoile filante, mais une telle étoile finit toujours par tomber.

L’éclatante créature d’argent, là-haut, semble s’être penchée dans les lauriers et, certaine de pouvoir se sauver, écoute la petite ombre, en bas.

— Tu n’as jamais rien fait de mieux, Flambeau. Ce n’était déjà pas mal de venir du Canada (avec un billet pris à Paris, je suppose) une semaine après la mort de Mrs Adams, à un moment où personne n’eût songé à poser des questions embarrassantes. C’était mieux encore d’avoir suivi à la trace les Étoiles Filantes et découvert le jour de la visite de Fisher. Mais, dans ce qui suit, l’intelligence fait place au génie. Le vol des pierres n’était, je suppose, pour toi qu’un jeu d’enfant. Tu aurais pu l’exécuter en un tour de main, de cent manières différentes, plutôt que d’attacher la queue de l’âne aux basques de l’habit de Fisher. Dans le reste, tu t’es éclipsé.

Parmi le feuillage vert, la figure argentée semble s’attarder, comme hypnotisée, quoique la route reste libre derrière elle. Elle écoute parler l’homme, au pied de l’arbre.