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de lune. Son habit rapiécé, couvert de papier de plomb et de strass, qui avait semblé trop brillant sous les feux de la rampe, prenait un aspect de plus en plus magique et argenté, au fur et à mesure qu’il s’éloignait en dansant sous la lune. Le spectacle se terminait par une cataracte d’applaudissements, lorsque Brown sentit une main se poser sur son bras ; un domestique lui demanda tout bas de se rendre dans le bureau du colonel.

Il suivit le domestique avec une inquiétude croissante ; celle-ci ne fut pas dissipée par le caractère à la fois solennel et burlesque de la scène qui l’attendait dans le bureau. Le colonel Adams s’y trouvait assis, encore vêtu en Pantalon, avec une petite boule, au bout d’une baleine de corset, tremblant au-dessus de sa tête, mais avec une expression si désespérée, dans ses pauvres yeux de vieillard, qu’elle eût suffi à éteindre la gaieté d’une saturnale. Sir Léopold Fisher était debout, appuyé à la cheminée, haletant d’un air tragique.

— C’est pour une pénible affaire que je vous ai fait venir, Père Brown, dit Adams. Le fait est que ces diamants que nous avons tous vus, cet après-midi, semblent avoir disparu de la poche de mon ami. Et comme vous…

— Comme, ajouta le Père Brown, en souriant de toutes ses dents, comme j’étais assis derrière lui…

— Rien de tel ne sera suggéré, dit le colonel Adams, en lançant à Fisher un regard qui semblait indiquer que celui-ci venait d’émettre cette