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tion d’un cadavre dont le souvenir n’est pas encore éteint à Putney. Il eût été presque impossible de croire qu’une personne vivante pût sembler à ce point inerte.

L’athlétique Arlequin le jeta de côté et d’autre, comme un sac, le brandit et le fit tourner au-dessus de sa tête, comme une massue, accompagné tout le temps par les plus désespérantes bouffonneries pianistiques. Lorsque Arlequin souleva de la scène le corps du policier pour rire, le Clown joua : Je me réveille d’un rêve d’amour. Lorsqu’il le chargea sur son dos : Avec le sac sur l’épaule, et lorsqu’il le laissa enfin retomber avec un bruit sourd, des plus réalistes, le loufoque au piano attaqua une mélodie dont les paroles étaient, paraît-il : « J’ai envoyé une lettre à mon ami et, en chemin, je l’ai laissé tomber. »

Au moment où cette anarchie mentale atteignit son paroxysme, le Père Brown perdit la scène de vue. Le nabab de la Cité, devant lui, s’était levé, et fouillait violemment ses poches. Il se rassit tout en se tâtant, puis se leva de nouveau. Il sembla, un instant, sur le point de franchir la rampe, mais il se contenta de jeter un regard furieux au Clown, assis au piano, et sortit brusquement de la chambre, sans rien dire.

Le prêtre continua de regarder la danse absurde et gracieuse, exécutée par Arlequin autour du corps inconscient de son ennemi. Avec un art réel, quoique encore imparfait, il dansa lentement en arrière, passant, par la porte, dans le jardin plein de calme et de clair