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avant de quitter l’Angleterre, lorsque je n’avais pas douze ans, et elle n’a cessé, depuis lors, de m’allumer l’imagination, comme un feu de joie. À mon retour, l’an dernier, j’ai vu que la chose avait disparu. Je n’ai plus assisté qu’à un tas de mauvaises petites féeries. Je m’attendais à retrouver un tisonnier ardent et un policeman converti en saucisses, et je n’ai vu que des princesses, faisant de la morale au clair de lune, des Oiseaux Bleus, et autres volailles du même genre. J’aime mieux Barbe-Bleue, pour ma part, surtout lorsqu’il se transforme en Pantalon.

— Je ne demande pas mieux que de convertir un policeman en saucisses, dit John Crook. C’est une meilleure définition du socialisme que celle qu’on lui a donnée tantôt. Mais nous ne trouverons jamais les costumes nécessaires.

— Certainement, dit Blount, transporté par son idée. Rien ne s’arrange plus vite qu’une arlequinade, pour deux raisons. D’abord, parce qu’on peut y blaguer tant qu’on veut, et ensuite parce que tous les objets nécessaires se trouvent dans la maison — tables, porte-essuie-mains, paniers à linge sale, et autres choses du même goût.

— C’est vrai, dit Crook, en arpentant le hall. Mais je crains de ne pouvoir vous procurer l’uniforme d’un policeman. Je n’en ai pas tué récemment.

Blount fronça les sourcils pensivement, durant une minute, puis se frappa la cuisse.

— Nous le tenons ! cria-t-il. J’ai l’adresse de Florian sur moi, et il connaît tous les costumiers