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la voix pour applaudir à cette idée, tandis que le financier surpris protestait énergiquement, lorsqu’on frappa à la double porte d’entrée. Le prêtre ouvrit, et le jardin apparut, de nouveau, avec ses yeuses et son araucaria se détachant en noir sur un merveilleux coucher de soleil violet. La scène, ainsi encadrée, était d’un coloris si étrange — comme la toile de fond d’un décor — que tout le monde oublia, pendant un instant, le personnage insignifiant, arrêté devant la porte. Il portait les vêtements poussiéreux et râpés d’un simple commissionnaire.

— M. Blount est-il ici ? demanda-t-il en tendant une lettre, avec quelque hésitation.

M. Blount sursauta et cessa brusquement d’applaudir. Après avoir déchiré l’enveloppe, avec une curiosité évidente, il lut la lettre. Son visage s’assombrit à peine un instant, et il avait déjà retrouvé toute sa gaieté, lorsqu’il se tourna vers son beau-frère.

— Je suis honteux de me montrer si importun, dit-il, avec le gai formalisme propre aux coloniaux, mais cela vous dérangerait-il beaucoup si un ancien camarade venait me voir ici, ce soir, pour affaires ? Au fait, vous le connaissez peut-être, c’est Florian, le fameux acrobate et comique français. Je l’ai rencontré, voilà des années, dans l’Ouest (Blount était un Canadien français), et il paraît qu’il a une affaire à traiter avec moi — quoique je ne me doute pas de ce que cela peut bien être.

— Naturellement, naturellement, répondit le colonel. Il suffit, mon cher, que ce soit votre