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extraire, de la poche mystérieuse d’une des basques de sa jaquette, un écrin noir, de forme ovale, le cadeau de Noël destiné à sa filleule. Avec une naïve vanité, qui avait quelque chose de désarmant, il montra l’écrin à tous les assistants ; il l’ouvrit d’un coup de pouce et ils reculèrent éblouis. Ils eurent l’impression de recevoir, dans les yeux, le jet d’une fontaine de cristal. Sur un fond de velours orange, comme trois œufs dans un nid, ils virent trois diamants éclatants qui semblaient incendier l’atmosphère autour d’eux. Fisher souriait bénévolement, et absorbait avec délices l’étonnement extatique de la jeune fille, la rude admiration et les remerciements bourrus du colonel, l’émerveillement de tous.

— Je vais les remettre à leur place maintenant, ma chérie, dit Fisher, en glissant l’écrin dans la poche d’où il l’avait tiré.

— J’ai dû être sur mes gardes, en venant. Ce sont les trois célèbres diamants africains, connus sous le nom d’ « Étoiles Filantes » parce qu’on les a volés tant de fois. Tous les grands criminels sont sur leurs traces ; c’est à peine si j’ai pu empêcher les vagabonds, qui errent par les rues et se glissent dans les hôtels, de fouiller mes poches. J’aurais pu perdre ces pierres en chemin. Cela n’aurait rien eu d’impossible.

— Rien de plus naturel, il me semble, grommela l’homme à la cravate rouge. Je n’aurais pas blâmé ces malheureux pour cela. Puisque vous ne leur donnez pas même une pierre quand ils demandent du pain, ils peuvent bien la prendre eux-mêmes.