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les vertes pelouses et les tours grises de quelque vieille cathédrale. De même, en France, lorsque j’étais parvenu à extorquer quelque argent à un paysan avare (ce qui est à peu près impossible), je me plaisais à voir sa face indignée se détacher sur une ligne grise de peupliers et sur un de ces horizons solennels, propre aux plaines de la Gaule, dont s’inspira le puissant génie de Millet.

Mon dernier crime fut donc un crime de Noël, un crime joyeux et confortable, un crime de Charles Dickens. Je l’accomplis dans une bonne vieille maison bourgeoise près de Putney, à laquelle les voitures accédaient par une allée particulière, une de ces maisons dont le nom est inscrit sur la grille extérieure, et dont l’entrée s’enorgueillit d’un araucaria.

Il suffit, vous savez ce que je veux dire. Je crois vraiment que mon pastiche de Dickens était assez habile et avait quelque qualité littéraire. Il semble presque dommage que je me sois repenti ce soir-là.

Flambeau contait alors son histoire, en se plaçant à son point de vue, au point de vue de l’acteur ; et, même ainsi, cette histoire était bizarre. Au point de vue du spectateur, elle restait parfaitement incompréhensible, et c’est ainsi que le profane doit l’étudier. On peut dire qu’elle commence au moment où la porte d’entrée de la maison en question s’ouvrit sur le jardin, et où une jeune fille en sortit pour nourrir les oiseaux, l’après-midi du lendemain de la Noël. Sa jolie tête était éclairée par des yeux bruns, au regard franc.