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elles deviènent ses délices, quoique sérieuses en elles-mêmes. C’est ce qu’on remarque dans la plûpart des savants : ils n’ont point de plus grande avidité que pour l’étude, & de plus grand plaisir que d’aprendre quelque chose de nouveau ou d’aprofondir ce qu’ils savent déja. Les sciences sont comme les richesses qui ne font qu’augmenter la soif qu’on en a, dit un Poëte : Quò plus sunt potæ, plus sitiuntur aquæ.

On doit donc savoir bon gré à ceux qui sur le plan du jeu de l’Oie en ont imaginé de très-instructifs. C’est ainsi que l’on s’est avisé de doner aux enfants avec des cartes & par le secours des dés ordinaires des leçons sur l’Art Militaire, les Fortifications, la Marine, la Géographie, la Chronologie…. Leur âge a besoin d’amusement, & rien ne s’imprime mieux dans leur esprit que ce qui leur est présenté sous cette forme : s’ils agissent machinalement, la gaieté est comme l’huile qui aide le roüage de la machine à se mouvoir, & le poids ou le ressort qui l’entraîne. On craindroit mal-à-propos qu’ils ne se livrassent pour cela dans la suite avec trop de passion aux jeux de dés & de cartes ausquels on