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LE LYCÉE.

étaient dans un état de délabrement complet, et que les maîtres n’étaient pas payés. Ces maîtres, laïques ou tirés du clergé, virent diminuer de moitié le nombre de leurs élèves jusqu’à ce que la plupart d’entre eux se retirèrent, par suite du refus de prestation du serment à la constitution civile du clergé.

Pendant la Terreur, on avait d’autre chose à faire que d’enseigner à la génération nouvelle la langue de Cicéron et d’Homère. C’étaient peut-être bien dans leur temps des républicains, mais un tant soit peu aristocrates car ils savaient lire et même passablement écrire, disait-on ; donc, point n’était besoin de propager leurs doctrines.

Mais lorsque cette honteuse manie d’ignorance fut passée avec les hommes qui étaient intéressés à la faire vivre, lorsqu’on songea à rééditier ce qui avait été si largement démoli, Poitiers fut doté d’une école centrale que l’on établit tout simplement dans l’ancien collége des Jésuites (1795).

Puis, en 1803, grâce à 57 000 francs de souscription (encore une souscription heureuse), cette école fut convertie en lycée, pour reprendre, en 1815, son premier titre de collège royal, qu’elle a perdu en 1848, pour reprendre encore une fois, sous la deuxième République, le nom franco-grec que lui avait imposé le premier Empire, et que lui a laissé tout naturellement le second.

Notons, en passant, le danger des noms d’aspect politique et leur parfaite instabilité chez nous. Aussi supplierons-nous les parrains futurs de nos futures fondations, municipales ou autres, de leur choisir, au jour de leur baptême officiel, des patrons plus sûrs de vivre longtemps.

Sans vouloir médire du calendrier moderne, qui a quelquefois son mérite, nous conseillerons toujours l’ancien : il a pour lui le passé, et, quoi qu’on en dise, nous croyons encore à son avenir.

Dans les dernières années qui ont précédé 1848, le collége de Poitiers, mis en réputation d’abord par l’administration habile de M. Carbon, s’était élevé, sous le