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LE LYCÉE.

de créer un collége royal à Poitiers, ce qui fut accordé par lettres patentes de 1604.

Il fut confié aux Jésuites, qui fondirent en un seul collége les trois établissements dont nous venons de retracer les vicissitudes et l’histoire. En quelques années ils obtinrent des secours efficaces, 20,500 livres du roi, 12,400 du clergé, 1,352 de la ville, 140,000 de souscriptions particulières : en tout, 175,000 livres, somme considérable dans ce temps-là, et dont le chiffre honore notre population, toujours intelligente toujours dévouée aux œuvres utiles.

Ce fut avec ces ressources que les Jésuites purent faire construire et réparer les immenses bâtiments qui composent le lycée actuel. La chapelle, notamment, fut bâtie en deux années, de 1608 à 1610.

Plus tard, Louis XIV, voulant s’associer à l’œuvre de son aïeul, dota le collége de 4000 livres de rente.

Les élèves accoururent de toutes parts ; les contrées étrangères même fournirent leur contingent, de telle sorte que les RR. Pères durent ajouter comme annexe, en 1674, le collège dit des Pères Jésuites d’Hibernie (situé au carrefour de ce nom, qui s’appelle encore Plan des Petits-Jésuites ; nous en parlerons plus loin), où étaient admis les écoliers qui venaient des Iles Britanniques.

En 1720, le collége royal comptait 13 maîtres, enseignant depuis les éléments de la grammaire jusqu’à la théologie, et 800 écoliers dont bon nombre, il est vrai, tendaient à l’état ecclésiastique, pour lequel des établissements spéciaux furent créés plus tard.

Mais bientôt les Jésuites durent céder à la violence des attaques dont ils étaient l’objet de la part d’ennemis puissants, et, le 1er  avril 1762, le corps de ville de Poitiers dut leur retirer les droits qu’il leur avait cédés. La génération qu’ils avaient élevée les récompensait ainsi des services qu’ils lui avaient rendus.

80 Religieux, jouissant d’un revenu net de 24,599 livres, occupaient alors les divers établissements qui dépendaient du collège ; leurs revenus furent séquestrés et si bien administrés, que, deux ans après seulement, les bâtiments