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L’AMPHITHÉÂTRE ROMAIN.

ture, née de nos observations, et consignée alors dans un rapport resté inédit, puis justifiée plus tard par les immenses recherches de nos deux confrères, loin d’enlever au monument un degré d’importance en rétrécissant l’espace consacré au spectacle, augmentait au contraire l’intérêt qu’il nous offrait.

Elle donnait en effet une plus juste idée du grand nombre de spectateurs qu’un étage de plus conviait aux jeux sanglants des gladiateurs.

Il est désormais prouvé que le nombre des gradins sur lesquels les spectateurs s’asseyaient était de 60, et, d’après les calculs qu’autorisent les amphithéâtres connus où se trouvent encore indiquées les places de chaque spectateur, celui de Poitiers, à 40 centimètres par spectateur, devait contenir plus de 40 000 personnes assises et 12 000 debout.

Outre la porte d’entrée septentrionale, à laquelle correspondait, dans le prolongement du grand axe de l’arène, l’entrée méridionale ; outre les deux entrées moins importantes existant aux extrémités orientale et occidentale du petit axe, 124 vomitoires, assez larges pour donner passage à trois personnes de front, permettaient à ces 52 000 spectateurs, marchant avec la vitesse du pas militaire, de se placer ou de se retirer en moins de deux minutes.

C’est ce qui explique comment, malgré les variations possibles de l’atmosphère pendant une représentation publique, les Romains pouvaient construire en plein air et sans abri permanent ces gigantesques théâtres, qui doivent faire honte aux avortons enfantés par notre civilisation moderne.

Quelques auteurs ont écrit que l’amphithéâtre de Poitiers avait dû servir au spectacle des naumachies. Les découvertes faites et signalées par M. Bourgnon de Layre, à propos de nos aqueducs romains, détruisent complètement cette opinion.

Voici, du reste, d’après le travail de MM. Bourgnon de Layre et Lamotte, un tableau comparatif des propor-