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L’AMPHITHÉÂTRE ROMAIN.

quand même, pénétrez par la pensée dans la cour de l’hôtel d’Évreux ; au fond, à main droite, vous eussiez aperçu, il n’y a pas encore de longues années, les restes d’une grande voûte plongeante ayant une pente de 25 centimètres par mètre, et dont les vastes dimensions accusaient la destination primitive.

L’amphithéâtre romain. — C’était une des entrées principales de l’arène. Çà et là régnaient encore la corniche aux profils simples sur laquelle reposait la retombée de la voûte, et l’appareil de minuto lapide, dont le placage solide avait résisté aux siècles, au feu et à l’intempérie des saisons. Des voûtes de moindre dimension, qui se coupaient, se brisaient, s’enchevêtraient les unes dans les autres et abritaient alors des magasins à fourrages, aidaient à reconstruire par la pensée le gigantesque monument.

Un escalier grossièrement pratiqué par l’usage dans le massif même des constructions s’offrait aux yeux à droite, et donnait accès sur les reins mêmes de la grande voûte d’entrée. Du haut de cet observatoire, malgré les mesquines demeures qui, semblables à des plantes parasites, s’étaient soudées aux flancs décrépits du colosse, on distinguait aisément le caractère imposant et majestueux de ce vaste édifice.

La forme elliptique de l’arène et des divers étages était retracée à l’œil par des ruines éparses, placées comme autant de jalons sur le vaste emplacement qu’occupaient autrefois, dans leurs jeux gigantesques, le peuple-roi vainqueur et le peuple gaulois vaincu.

Cet amphithéâtre, que nous croyons, malgré l’opinion vulgaire qui l’attribue à Gallien, l’œuvre des empereurs Adrien et Antonin (de 117 à 161), était remarquable par son étendue.

Des fouilles partielles faites sous nos yeux, avant le beau travail publié en 1843 par MM. Bourgnon de Layre et Lamotte, nous avaient personnellement autorisé, dès 1837, à réduire à des proportions moins vastes le diamètre de l’arène proprement dite ; mais cette conjec-