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L’HÔTEL D’ÉVREUX.

disait B, « l’élève répondait porc. Vous faites comme ce loup : je vous propose psaumes « et oraisons, et vous réclamez des choses qui certes ne sont d’aucun profit pour « le salut des âmes… »

La décision fut maintenue, avec menace d’anathème si les plaintes se renouvelaient.

Devenue l’église d’un simple prieuré, celle de Saint-Nicolas était encore consacrée au culte avant la Révolution ; on y disait la messe le dimanche, et, à certaines fêtes de l’année, il s’y rendait des processions.

L’hôtel d’Évreux. — Cet hôtel existait jadis à l’amorce de la rue actuelle de Corne-de-Bouc ; mais il portait pour enseigne les Vreux… Pourquoi cette différence entre l’orthographe municipale imposée au nom de la rue d’Évreux qui est sans doute la meilleure, puisqu’elle est officielle, et l’orthographe moins authentique de l’ancien hôtelier ? Cela exige une explication préalable. La voici :

L’abbaye de Nouaillé, sise à peu de distance de Poitiers, et sous les murs de laquelle se livra la fameuse bataille de 1356, était propriétaire de l’hôtel des Arènes et des Arènes elles-mêmes. Or, au XVIe siècle, l’un des abbés commendataires de cette abbaye, Raoul du Fou, évêque d’Évreux, fit bâtir sur les ruines du vieil hôtel des Arènes une maison nouvelle, qui fut appelée tout naturellement du nom de son propriétaire : hôtel d’Évreux.

Mais peu à peu la corruption du langage populaire changea ce nom en celui de l’hôtel des Vreux, qui devint un substantif bientôt synonyme d’antiquités romaines, ainsi que l’attestait jadis l’inscription en grands caractères qui recommandait aux préférences des voyageurs à pied et à cheval l’antique demeure du noble prélat.

Après avoir réfléchi aux nuits sans sommeil que nous évitons à nos confrères les étymologistes, en leur ôtant l’idée de chercher sous ces mots ce qui ne s’y trouva jamais et ce qu’ils pourraient peut-être bien y découvrir