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SAINT-PORCHAIRE.

personnage debout, vêtu d’une longue tunique, vu de face, les bras en croix.

Autour du médaillon on lit cette inscription :

hic daniel domino vincit cœtum leoninum.

Cette inscription est remarquable par l’emploi de l’M romain et de l’M semblable à ω un minuscule grec renversé.

D’après cette inscription et d’après les pourctraicts des lions à gueules béantes qui servent comme de supports au médaillon, il n’est pas douteux que ce ne soit Daniel dans la fosse aux lions.

Et, en effet, le sculpteur, s’étant trouvé gêné sans doute par l’espace accordé à son ciseau pour représenter sur le même plan l’assemblée léonine au complet (cœtum leoninum), s’est cru autorisé à rejeter deux de ses redoutables membres sur le chapiteau de la colonne à gauche ; mais, afin que les visiteurs peu initiés à la connaissance de son histoire naturelle spéciale ne pussent se méprendre sur ses véritables intentions, il a eu le soin d’écrire à côté de ses lions, en majuscules romaines, le mot LEONES. Et, en vérité, la précaution n’était pas inutile, au dire de bon nombre de méchants critiques, qui prétendent y voir de gros chats.

Pour mettre le sculpteur et les critiques d’accord, nous dirons : à défaut d’un texte de l’Ecriture, l’artiste a pensé que le prophète eut maille à partir avec cette espèce particulière de lions que le blason, sous le nom de lions léopardés, a dessinés sur les bannières des preux.

On ne peut donc douter que le personnage élevé dans les airs qui présente un vase à Daniel ne soit le prophète Habacuc portant au condamné la nourriture préparée pour ses propres moissonneurs. (Daniel, ch. XIV, vers. 32 et suiv.)

Au-dessus du portail, un bas-relief compris dans un cadre en chanfrein, orné de moulures en damier, est tellement fruste, qu’on n’oserait affirmer quel est le sujet