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SAINT-PORCHAIRE.

ciens nous racontait l’agréable tournure que sut prendre un escholier qui entendait se garder une porte de derrière pour l’heure des explications redoutables au jour de sa trop facile résurrection.

Le vaurien — qui avait affaire à un homme d’esprit apparemment —

Poussant jusques au bout contre un « père sans cœur »
Du faux mêlé de vrai l’artifice trompeur,
Sut colorer un jour, sous le pont homicide,
Par un gai bain de pieds, son pseudo-suicide.

Cette plaisanterie, dans le goût du temps, pouvait, il est vrai, tuer le pauvre père confiant dans les effets sauveurs du sentiment de la conservation : mais notre étourdi n’y songea même pas ; il avait fait « une bonne farce », et voilà tout !

Ah ! que bien plus profondément sérieux sont aujourd’hui nos fils de famille embarrassés : témoin celui dont un brave sot de père nous redisait hier, avec une admiration à faire frémir les penseurs, la « délicieuse saillie » :

« J’ai vingt protêts en mains, d’attendre je suis las ».
Lui disait son banquier ; « ne me paîrez-vous pas ?
« — Eh si ! certainement, et bientôt, je l’espère ;
« Mais laissez-moi, d’abord, réaliser mon père !...

« Réaliser son père ! » Certes, notre héros du pont de Saint-Porchaire s’y prenait bien, en son temps, de manière à faire la chose ; mais nous gagerions qu’il n’eût pas été de force à trouver le mot.

Décidément la richesse de la langue nouvelle se prête admirablement aux progrès du nouvel esprit français !!

Saint-Porchaire, autrefois paroisse la plus considérable de Poitiers, comptait, avant la Révolution, 2,000 communiants, et possédait, de même que celle de Saint-Germain, que nous verrons plus tard, une école primaire gratuite. — La gratuité de l’instruction n’est donc pas d’aujourd’hui, et, sur ce point, la statistique du passé, telle que nous la savons, étonnerait fort