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ARMOIRIES DE LA VILLE DE POITIERS.

en réclamons d’autant plus hautement la paternité que l’on a plus vivement critiqué ce fils de nos œuvres.

Au risque d’être accusé de plaider « pro domo », nous n’hésitons pas plus aujourd’hui qu’hier à engager la cité poitevine à s’en tenir là (comme elle l’a fait déjà, du reste, dans une circonstance solennelle, à propos de la belle médaille frappée en mémoire de la pose de la première pierre de son palais municipal), et voici nos raisons :

Pour les armoiries d’une ville au XIXe siècle, la couronne murale a sa signification caractéristique désormais connue des moins héraldistes, et acceptée de tous, et c’est à bon droit que ce timbre-là doit remplacer, aujourd’hui, la couronne comtale qui n’était — même au XVIIIe siècle — qu’une parfaite hérésie héraldique, que n’eussent jamais commise les spécialistes officiels de cette époque.

La ville de Poitiers n’ayant jamais été la Comté de Poitou et les couronnes — ès choses héraldiques— « étant bien réellement de leur nature, « incommunicables, comme la souveraineté dont elles sont l’emblème », une couronne comtale, pour timbre de son écu, ne saurait se justifier, héraldiquement parlant, ni par les souvenirs du passé historique de la province dont elle ne fut que la capitale, ni par l’emploi qui en a été fait jadis, sans raison et sans droit.

Les branches de chêne et de laurier qui soutiennent ces armoiries n’ont eu d’autre but, dans notre pensée, que de rappeler, avec les palmes qui figuraient sur les anciens scels, les gloires militaires et civiles de la cité, et elles n’ont rien qui puisse choquer le purisme héraldiste le plus scrupuleux.

Quant aux accessoires en arabesques qui se déroulent autour de l’écu — et qui seraient une sottise héraldique, s’ils avaient la prétention d’être des lambrequins — laissons-leur aussi leur véritable et innocente fonction de simples ornements destinés à répondre aux légitimes exigences d’un fleuron typographique.

Mais, à l’égard de l’écu lui-même, c’est toute autre