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MONTMORILLON.


Nous avons été assez heureux pour obtenir du gouvernement, en sa faveur, la seule chose possible, un abri contre l’action destructive de la pluie, et nous avons pu y faire déposer les belles statues qui décoraient les voussoirs et le tympan de la porte médiane de la façade occidentale de la magnifique basilique, que nous avons achetées pour l’État au moment où cette façade a été démolie. — V. notre notice, Mémoires des Antiquaires de l’Ouest, 1835.

Montmorillon. — Baptisé par Montfaucon et par bien d’autres du nom pompeux de Temple druidique, l’Octogone de Montmorillon a été restitué par la science des archéologues, à sa véritable origine et à sa destination primitive. On reconnaît aujourd’hui qu’il faisait partie d’un ancien établissement de charité fondé, au retour de la première croisade, sous le nom de Maison-Dieu, pour recevoir les pauvres et les pèlerins. Le caractère de son architecture est d’accord avec ces données historiques, et les figures grossières et allégoriques qui avaient causé l’erreur de Montfaucon sont évidemment un emprunt et une addition faite après coup.

Assurément, l’Octogone perd quelque chose de son prestige à se voir ainsi réduit à l’âge moyen de nos monuments vieillards ; on ne pourra guère, en le rajeunissant ainsi d’un millier d’années, venir en aide à la thèse du populaire qui affirme, avec une énergie magnifique de conviction patriotique, qu’il « a soutenu le déluge ». Mais, enfin, force lui sera de se contenter du mérite plus modeste d’avoir pu braver quelque chose comme huit cents hivers, sans que sa verte vieillesse en paraisse trop fatiguée. N’est-ce pas déjà fort honorable ?

À Montmorillon, outre le petit séminaire diocésain, qui est un établissement des plus remarquables et des plus florissants, où l’on a su conserver les traditions qui faisaient, dès 1828 déjà, sa grande renommée, et dont la chapelle a reçu, à l’heure qu’il est, sous l’heureuse impulsion de Mgr Pie, évêque de Poitiers, une magistrale décoration murale due au pinceau d’un de nos