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ABBAYE DE LIGUGÉ.

celle des prieurs commendataires, dont le dernier, Gaspard Lefranc, céda, en 1606, la jouissance de ce bénéfice aux Jésuites du collége de Poitiers. Incaméré d’abord à la Chambre ecclésiastique, lors de la suppression de leur institut ; vendu plus tard nationalement, le monastère de Ligugé fut acheté en 1852 par Mgr Pie, évêque de Poitiers, l’intelligent et si zélé restaurateur de tant de monuments religieux dans son diocèse. Par le concours de l’illustre prélat et du supérieur général de la Congrégation des Bénédictins de France, le savant et pieux Dom Guéranger, abbé de Solesmes une colonie de Religieux partis de l’abbaye de Solesmes prit possession, le 25 novembre 1853, de l’antique monastère restauré, et lui rendit sa vie de mortification, d’étude et de prière.

En 1856, Mgr Pie obtint du Saint-Siége que le titre d’abbaye fût rendu au plus ancien monastère des Gaules ; mais ce n’est que le 25 novembre 1864, et par l’institution de Dom Bastide, que la série des abbés de Ligugé a pu reprendre son cours, après avoir été interrompue pendant plus de dix siècles !

Il existe encore une partie des anciens bâtiments monastiques construits au XVe siècle ; ils contiennent aujourd’hui la bibliothèque.

L’église, tout à la fois abbatiale et paroissiale, est d’une architecture élégante, dont la simplicité, à l’intérieur, contraste avec le luxe d’ornementation du portail, sur lequel la Renaissance a découpé ses riches ciselures.

À quelques pas de l’église, à l’angle N.-E. de l’enclos du monastère, existe un monument bien digne de fixer l’attention : c’est là que le thaumaturge des Gaules ressuscita, suivant le récit de Sulpice Sévère, un catéchumène mort depuis trois jours ; c’est là que, depuis quinze siècles, ce précieux souvenir et la vénération envers saint Martin attirent de fervents et souvent illustres pèlerins. Sur les ruines de l’ancien oratoire, la piété de plusieurs princes de l’Église, unie au zèle de M. de Ligron, alors curé de Ligugé, a érigé, vers 1850, une chapelle modeste, mais bien ordonnée. Le vitrail rappelle, avec le fait miraculeux de la résurrection du