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ABBAYE DE LIGUGÉ.

abbatiale de Ligugé, pendant que le moine Défensor publiait, sous son inspiration, le livre des Étincelles (scintillœ), recueil de maximes tirées de la Sainte Écriture et des Pères de l’Église, imprimé plusieurs fois pendant le XVI siècle, et tout récemment encore dans la Patrologie de l’abbé Migne (tom. lxxx, p. 598).

L’invasion sarrasine, d’abord, plus tard celle des Normands accumulèrent ruines sur ruines dans ce foyer de lumière et de sainteté ; les pieux habitants du monastère furent tués ou dispersés, et ses biens devinrent la proie des comtes de Poitou et de leurs feudataires.

Il semble pourtant qu’à travers ces désastres il s’y ranime, par moments, quelques lueurs de vie monastique jusqu’au milieu du XIe siècle, où recommence la vie historique du monastère de Ligugé.

À cette époque, en effet, on voit Theudelin, abbé de Maillezais, annexer à son abbaye, fondée plus de 60 ans auparavant, les restes de celle de Ligugé qu’il relève, mais avec la simple dénomination de prieuré.

Bien qu’il eût perdu son autonomie et son titre d’abbaye, le monastère de Ligugé ne fut pas pourtant dépourvu de toute gloire. Les papes Urbain II et Clément V l’honorèrent de leur visite, et de nombreux pèlerins vinrent aussi y vénérer la mémoire de l’Apôtre des Gaules.

En 1359, les Anglais réduisirent en cendres l’église et le monastère, et ce fut seulement à la fin du XVe siècle que Jean d’Amboise, évêque de Maillezais, releva les cloîtres et commença même probablement les travaux de l’église. Ce monument fut achevé par Geoffroy d’Estissac, évêque de Maillezais de 1518 à 1644, qui lui imprima le cachet de cette époque. — V. p. 339.

Les protestants ne pouvaient manquer de laisser des traces de leur vandalisme dans un lieu consacré à la mémoire d’un saint qu’ils avaient particulièrement en horreur, à cause de l’antiquité et de la popularité de son culte. Ils pillèrent, dévastèrent, et brûlèrent même en partie l’église qui lui était dédiée.

Là s’arrête la série des prieurs réguliers et commence