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UN BAPTÊME À FAIRE.

cité pour empêcher pacifiquement les mouvements anti-patriotiques des ennemis de l’intérieur.

« Et un jour, le plus jeune des quatre frères étant allé voir les brèches du « Pré-l’Abbesse, où les ennemis tiroyent incessamment, afin de voir comment « tout s’y portoit, et comme il y ordonnoit et commandoit quelque chose, un « boulet vint qui lui emporta la teste et la meist en tant de pièces qu’on n’en « sceut après rien trouver. » (Liberge.)

« Voilà pourquoi nous avons donné à cette rue le nom de Daillon, qu’elle gardera en mémoire du dévoûment et du sang prodigués là pour le salut de nos pères. »

Et, devant cette explication patriotique, les fronts des rieurs s’inclineront, et il vous sera dit: « Vous avez bien fait. »

Nous avons vu (p. 26, 176, 257,) comment et pourquoi Jeanne d’Arc fit séjour à Poitiers au mois de mars 1429. Un morceau de pierre brut et informe déposé dans un obscur musée, après avoir été, à grand’peine, sauvé de la pioche d’un paveur, voilà, dans une ville si fidèle aux vieux souvenirs, tout ce qui reste des traces de l’héroïne qui sauva la France.

Ce n’est pas assez ! La reconnaissance du pays doit autre chose à cette grande mémoire.

Nous savons que l’hôtel de la Rose, où logea la Pucelle, quand elle vint à Poitiers prouver sa mission providentielle, était situé dans la rue de Saint-Étienne. Or, à cette rue aboutit justement aujourd’hui une rue nouvelle et importante qui débouche du marché de Notre-Dame. Son nom tout naturel doit être le nom de Jeanne-d’Arc.

Qui oserait lui opposer celui de Mexico que, dans un empressement trop hâté, lui valut naguère un baptême imprudent et, Dieu merci, provisoire, puisqu’il n’a pas reçu la sanction suprême qui, seule heureusement, aurait le droit de le rendre douloureusement définitif ?

S’il est impossible de ravir à l’impitoyable plume de