Page:Chergé - Guide du voyageur à Poitiers et aux environs, 1872.djvu/369

Cette page a été validée par deux contributeurs.
359
DES FRÈRES DE S.-GABRIEL.


Elle enseigna la méthode aux sœurs de la Sagesse d’Auray et à un excellent chrétien de ce pays, M. de Saint-Henri, et bientôt, sous ces élèves, devenus à leur tour maîtres habiles, de pauvres petits garçons, de pauvres petites filles reçurent le grand bienfait d’une éducation jusque-là, sinon complétement refusée, du moins rendue presque impossible à leur cruelle infirmité.

Lorsque le P. Deshayes devint supérieur général des congrégations de Saint-Laurent, loin d’oublier la pensée si chrétienne qui avait fait naître l’établissement de la Chartreuse d’Auray, il songea plutôt à la développer.

Toujours fidèle à ses nobles traditions, la ville de Poitiers lui fournit les moyens de fonder sa première école de sourdes-muettes. C’était en 1833 : le préfet d’alors (M. Boullé) accorda sa protection officielle ; M. l’abbé Lambert, vicaire général, dont nous avons déjà parlé page 339, prêta l’appui de son zèle et de son éloquence persuasive, et bientôt l’école de Pont-Achard compta jusqu’à vingt élèves.

Après la mort de M. l’abbé Lambert, M. l’abbé de Larnay recueillit le legs pieux du vénérable missionnaire, et, grâce à son dévoûment sans limites et à sa féconde activité, l’établissement grandit rapidement.

En 1847, à l’époque où les travaux du chemin de fer vinrent troubler la paix du pieux asile, on dut songer à transférer ailleurs l’institution florissante, et elle fut établie à Larnay, propriété de la famille de ce nom, située à trois kilomètres à l’ouest de Poitiers, sur la route de Nantes. De vastes constructions y furent faites ; une chapelle (style XIIIe siècle), ornée de riches vitraux, y fut bâtie sur les plans du P. Tournesac, et cela constitue aujourd’hui, sous la direction des Filles de la Sagesse, un des plus beaux établissements de ce genre. — Il mérite d’être visité, et si vous avez quelques loisirs à lui consacrer, ce ne sera pas du temps perdu.

Le département de la Vienne reçut en janvier 1838 une deuxième école de sourds-muets, établie à Loudun par le P. Deshayes, et placée sous la direction des Frères de Saint-Gabriel (dont il était, avec le pieux frère du