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HISTORIQUE.

ces matériaux précieux cette deuxième enceinte qui s’appuie presque partout sur la première enceinte romaine, mais qui offre par ses casemates et ses voûtes ornées de riches sculptures, de figures, de symboles et d’inscriptions antiques, un caractère vraiment curieux à étudier, et que nos lecteurs ne trouveront peut-être nulle part ailleurs.

Les Visigoths, qui dominaient du fond de l’Espagne jusqu’à la Loire, et dont la capitale était Toulouse, avaient obtenu en 418, de l’empereur Honorius, la cession du Poitou, et ils avaient fait de Limonum un des centres de leur puissance. Ce fut de là qu’Alaric II, leur roi, sortit en 507 pour aller se faire battre et tuer dans les plaines de Voclade (Voulon, et non Vouillé) par le roi des Francs, Clovis. Cette rude bataille anéantit, avec le pouvoir du défenseur de l’Arianisme dans les Gaules, cette hérésie dangereuse, et constitua le royaume catholique des Francs. Le vainqueur, devenu possesseur de ce vaste pays d’Aquitaine, établit des Comtes dans les principales cités, et Poitiers fut le lieu de résidence de l’un d’entre eux, sous la puissance souvent contestée des rois et ducs d’Aquitaine, descendants de Clovis, jusqu’à l’extinction de sa dynastie.

C’est pendant cet intervalle que les Sarrasins d’Espagne, attirés par les immenses richesses que leur promettaient les plaines fertiles de la France et ses monastères puissants, envahissent le territoire, ravagent sur leur passage les cités les plus populeuses, les temples les plus saints, et viennent enfin, à quelques lieues de Poitiers, dans les plaines de Moussais-la-Bataille (732), se faire écraser par le sauveur de la religion et de la nationalité française, le glorieux chef des Francs, Charles le Martel.

Malgré le prestige qui devait favoriser les vues ambitieuses du vainqueur, un attachement traditionnel et instinctivement national portait les Aquitains à soutenir la race de leurs anciens maîtres, et l’on vit Amingus ou Amanuge, Comte de Poitiers, sous le malheureux Waiffre, dernier Duc mérovingien d’Aquitaine, se faire