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PARC DE BLOSSAC.


Nous avons lieu de croire que, sous la domination romaine, c’était un vaste cimetière. En effet, lorsque les bras nombreux que M. de Blossac mit en œuvre remuèrent le sol et creusèrent les tranchées, ils mirent à nu plusieurs sépultures gallo-romaines dans lesquelles on recueillit des vases funéraires de toutes formes et de toutes dimensions, parmi lesquels plusieurs étaient d’un travail digne d’inspirer notre industrie moderne.

Les dessins de ces meubles remarquables existent à la bibliothèque publique, et ont été reproduits, avec le plan de Blossac, dans les Monuments du Poitou, publiés par MM. Gibault et de la Fontenelle. Notre musée en possède même quelques échantillons.

Bientôt les ravins furent comblés, les rocs en saillie disparurent, et à la place de toutes ces laides choses s’éleva une promenade plantée d’arbres dessinant de longues allées droites qui se coupaient, se croisaient pour se réunir, et que séparaient des massifs habilement disposés.

Tout cela était l’œuvre des bras du pauvre, qui y avait trouvé du pain, l’œuvre d’un administrateur bienfaisant et éclairé, l’œuvre d’un ingénieur des ponts et chaussées, qui mérite qu’on vous dise son nom, puisque sa science ne dédaigna point de tracer les modestes plans d’une humble promenade : il s’appelait Bonichon.

Néanmoins, cette œuvre était incomplète. Les lignes verdoyantes, les allées sablées s’arrêtaient à moitié de leur parcours actuel. En 1771, M. de Blossac reprit donc ses travaux, et bientôt la promenade achevée reçut le nom de l’administrateur dont elle était le bienfait et l’ouvrage.

C’était justice, et nous ne voyons rien d’exagéré dans ce plan géométral du monument qui fut alors dédié à M. l’Intendant, avec cette épigraphe : Semper honos, nomenque tuum, laudesque manebunt. Seulement, la prédiction ne se vérifia point complètement.

Il est vrai que le rédacteur de la devise dédicatoire ne pouvait supposer qu’à quelques années de là il pût se trouver des hommes assez oublieux d’un passé si