bientôt loin de la cité dont vous vous faites l’hôte passager. En attendant, continuons notre marche.
Nous soupçonnons que le mouton sculpté en relief sur la maison à gauche, au no 59, près de la rue de la Traverse, était une enseigne de boutique qui avait donné son nom à une partie de la rue des Trois-Piliers, qu’on appelait rue du Mouton, près la rue de la Truie qui file.
Ce dernier nom était encore dû sans doute à une autre enseigne, à laquelle on ne contestera pas du moins le mérite de l’originalité : ce n’est pas d’aujourd’hui, vous le voyez, que le charlatanisme a cherché les moyens d’exciter l’achalandage des pratiq… nous voulons dire des clients.
Poursuivons.
Ancienne Magnanerie. — La maison no 86, située en face de la rue de la Baume, rappelle un des essais de M. de Blossac, intendant du Poitou, dont nous allons bientôt retracer les services.
Pour doter la ville de Poitiers de l’industrie séricicole, il fit bâtir la maison que vous voyez. Ce devait être la Magnanerie. Les mûriers destinés à la nourriture des vers à soie étaient plantés dans les terrains vagues qui garnissaient alors, des deux côtés, la rue de la Baume, et dans l’intérieur des carrés de la promenade de Blossac.
Cet essai n’ayant pas réussi, le successeur de M. de Blossac, M. Boula de Nanteuil, fit de l’enclos de la rue de la Baume, à droite, un jardin botanique qui fut transféré par la Révolution au jardin de l’École centrale (collége royal) ; expulsé par le Lycée, il se réfugia aux Pénitentes ; expulsé par le Séminaire, il demanda asile auprès des boulevards, et enfin il obtint une toute petite place dans un coin de la pépinière départementale, d’où il faillit être encore chassé par les mûriers que lui-même avait remplacés dans la rue de la Baume, en attendant qu’il allât enfin terminer son odyssée près de l’École de médecine, qui sera pour lui sans doute, désormais, le port sûr depuis si longtemps cherché. — V. p. 188.
La magnanerie de M. de Blossac était tenue par la fa-