Page:Chergé - Guide du voyageur à Poitiers et aux environs, 1872.djvu/312

Cette page a été validée par deux contributeurs.
302
LES JACOBINS.

la situation de cette église ; mais nous devons présumer qu’elle n’était pas éloignée de l’emplacement occupé par le monastère des Jacobins.

N. B. À l’appui de ce texte de nos précédentes éditions nous sommes autorisé à citer l’opinion de l’auteur d’une monographie qui se prépare en ce moment sur l’ancien couvent de Saint-Christophe ; en effet, cet auteur, un dominicain, croit avoir retrouvé quelques vestiges de cette église dans la maison qui forme l’angle de la rue.

Aux dons de l’Évêque, la reine Blanche ajouta celui d’une place dont les Religieux firent la cour de leur maison. Une note que nous possédons assure que l’église des Jacobins fut bâtie par les seigneurs de Morthemer et de Couhé. La date n’en est pas fixée.

Hugues du Puy du Fou, sénéchal de Poitou sous Aliénor et Philippe-Auguste, et Valence de Lusignan, sa mère, ayant été inhumés dans l’église, de nouvelles donations lui furent faites, et plus tard, en 1310, Guy de Lusignan, comte de la Marche et d’Angoulême, étant mort à Poitiers, y fut aussi enterré, et sur sa tombe on représenta son image en cuivre, qui fut détruite par les protestants. Du cuivre ! cela pouvait se fondre… et se vendre, après !

Un demi-siècle auparavant, cette église des Jacobins avait reçu de nobles dépouilles. C’étaient celles d’une partie des chevaliers et écuyers qui avaient succombé dans les plaines de Maupertuis (19 septembre 1356), et parmi lesquels nous citerons le duc de Bourbon, le maréchal de Clermont, un Rochechouart, un La Rochefoucauld, etc. Leurs armoiries furent peintes comme aux Cordeliers, à fin de perpétuelle mémoire.

Que sont devenus les Religieux chargés de prier sur ces tombes ? Que sont devenues les voûtes qui les abritaient ? Tout a disparu au souffle des révolutions, et chaque jour, en passant sur ces pierres de la voie publique, nous foulons aux pieds la cendre ignorée de ces grands d’autrefois qui expièrent au moins par une mort généreuse leur impétueuse folie.