Page:Chergé - Guide du voyageur à Poitiers et aux environs, 1872.djvu/291

Cette page a été validée par deux contributeurs.
281
NOTRE-DAME-LA-GRANDE.

notables, et suivie du corps de ville, se rendait à Notre-Dame, précédée du manteau. Elle en revêtait la statue, après l’avoir parée de guimpes en dentelles : c’était ce que le peuple appelait la toilette de la bonne Vierge.

Le lendemain, les officiers municipaux venaient prendre avec pompe la statue. Le maire et un des échevins la demandaient à l’abbé, qui la leur confiait ; ils la portaient jusqu’à l’église Saint-Étienne et rejoignaient le clergé réuni à Saint-Pierre.

Puis, lorsqu’on arrivait devant l’une des portes de la cité, le corps de ville se détachait de la procession pour porter la statue jusqu’à l’entrée de la ville, où il était toujours accompagné des membres du Chapitre de Notre-Dame. La procession parcourait ainsi toute l’enceinte de la cité et revenait à son point de départ.

Nous avons vu que l’on ignorait quel fut le motif de la fondation de Notre-Dame, quelle est son origine, quel est son fondateur. Cependant, comme elle était située dans le fief de l’évêque de Poitiers, cette considération, jointe à celle que l’évêque, au jour de sa prise en possession, partait de l’église Notre-Dame pour se rendre en procession dans la cathédrale, a fait penser que cette église avait dû être fondée par un des prélats qui ont occupé le siège de Poitiers. On doit même être porté à croire, avec M. Lecointre, qu’elle fut construite après l’incendie de Notre-Dame-hors-des-Murs — depuis, Sainte-Radégonde — (1083), afin que la sainte Vierge ne cessât pas d’être la patronne d’une des principales églises de Poitiers.

L’aspect du monument, les costumes des personnages qui couvrent sa riche façade, la forme et les plis des vêtements, les souliers pointus, les types de convention adoptés pour représenter la Vierge et les anges, enfin l’ornementation générale, et diverses inductions historiques, ont porté des auteurs et des antiquaires à fixer l’époque de sa construction au XIIe siècle.

Malgré ce qu’on a pu dire des personnages qui y auraient été enterrés avant cette époque, et qui pourraient bien n’avoir été réellement inhumés que dans l’église de