pour deffaire le demeurant, ce qu’ils firent fors ceux qu’ils retindrent prisonniers. Lesquels déclarèrent au Maire et aux principaux de la ville toute la trahison : et que le dit jour à l’heure de quatre heures, avoient veu audevant des dites portes une royne, vestue le plus richement qu’on sçauroit faire et avec elle une religieuse, et un Evesque, qui avoient sans nombre des gens arméz : lesquels s’estoient mis à frapper sur les Anglais : et qu’aucuns d’eux, considérant que c’estoit la Vierge Marie, sainct Hilaire et saincte Radégonde (dont les corps reposaient en la ville) s’estoient par désespoir occis eux-mêmes, et les autres tué et occis leurs compagnons. Dont tous les habitants rendirent grâces à Dieu et s’en allèrent faire leurs Pasques.
« Au regard du desloial clerc, on ne sceut qu’il devint, car depuis ne fut veu. Et est à conjecturer que par une des autres portes il se jecta en la rivière, et se noya, ou que le diable l’emporta. »
Malgré les graves raisons qui doivent faire douter des circonstances et des dates assignées à cet événement, ce qu’il y a de certain, c’est que, dès le XVe siècle, outre les monuments élevés sur tous les ponts, à toutes les portes de la ville, à presque tous les carrefours, on trouve dans les comptes des dépenses du corps municipal de Poitiers les traces de la dévotion à la sainte Vierge et des honneurs que lui rendait sa reconnaissance.
Il est parlé d’un hommage annuel de 50 livres de cire qui devaient brûler nuit et jour sur une roue ou couronne en bois peint, suspendue à la voûte de l’église de Notre-Dame, et des frais de la procession du lundi de Pâques. Plus tard, après les troubles religieux, la cire fut remplacée par un manteau dont le prix fut fixé, au XVIIe siècle, à 300 livres.
Mais, comme avec ce prix il n’était pas possible d’avoir un manteau assez riche, on réunissait plusieurs annuités ; cependant le fait matériel, la cérémonie de l’hommage, se reproduisait tous les ans.
Cet usage et celui de la procession ne furent inter-