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LA GROSSE HORLOGE.

aussi, sa Société de francs-camarades, et opposer, dans l’intérêt de la patrie commune, à tant de causes qui divisent, ces relations amies qui rapprochent et unissent ? » A ce texte de notre 2e édition, nous n’avons, franchement, rien à changer, car, si les sentiments qu’il exprime avaient besoin d’une justification, ils la trouveraient assurément dans les effrayantes leçons qui nous démontrent la nécessité de serrer nos rangs en face de l’ennemi.

La grosse horloge. — A côté de l’Hôtel-Dieu, en face de l’église Notre-Dame, s’élevait une tour rectangulaire fort massive, surmontée au troisième étage d’une charpente revêtue d’ardoises (dont le modèle en bois est déposé à la bibliothèque publique), et couronnée d’un campanille en plomb. Le deuxième étage comprenait une chapelle qui servit pendant longtemps de chapelle à l’Hôtel-Dieu, avec lequel elle communiquait.

Cette lourde et maussade construction, élevée à 128 pieds 6 pouces au-dessus du niveau de la place Notre-Dame, et qui dominait ainsi la ville entière, était destinée à supporter la grosse horloge — (le peuple disait le gros horloge, et même — par suite d’une liaison qui n’est pas précisément spéciale à la ville de Poitiers, puisqu’elle frappe tous les jours nos oreilles — le grôt horloge) — qui y fut primitivement installée en 1388 par les ordres et aux frais de Jean, duc de Berry, comte de Poitou et d’Auvergne.

Ses forêts fournirent le bois de charpente ; les abbayes et églises voisines, une partie du métal, et le prince paya les fondeurs, car le timbre fut fait à trois reprises : d’abord le 4 avril 1387, par Jean Osmont, saintier (fondeur de cloches) de Paris ; puis les marteaux adaptés au mécanisme de l’horloge par Pierre Merlin, à la fin de 1387, ayant brisé ce timbre, il fut refondu deux fois en 1396 par Guillaume de Roucy, qui reçut 230 écus d’or.

Une inscription latine constatait les noms du donateur et de l’artiste ; mais le peuple y ajoutait la sienne, que